"L'atmosphère est assez positive", "les contributions vont dans le sens de plus de flexibilité", a résumé vendredi le président de la Confédération suisse Joseph Deiss en marge d'une réunion ministérielle de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). "Mais nous n'avons pas de progrès réels pour le moment", a tempéré M. Deiss, chargé du portefeuille des affaires économiques au sein du conseil fédéral.
La réunion de l'OCDE doit être suivie dans l'après-midi d'une "mini-ministérielle" de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
"Nous n'avons pas de temps à perdre", a lancé le directeur général de l'OMC, Supachai Panitchpakdi, tentant de galvaniser les participants à ces réunions, qui sont considérées comme le dernier espoir de clôturer le cycle dans les délais impartis, c'est-à-dire avant la fin de l'année.
"Ce dont nous avons besoin lors de votre réunion aujourd'hui, c'est d'un message de confiance et de détermination fort, sans équivoque, d'atteindre des accords-cadre d'ici juillet", a-t-il dit aux ministres et représentants de l'OCDE, dont 28 participeront à la rencontre OMC.
L'objectif pour l'heure est de trouver avant fin juillet les grandes lignes d'un compromis, afin de parvenir avant la fin 2004 à un accord précis et chiffré sur ce nouveau cycle de libéralisation du commerce mondial, lancé en 2001 à Doha, et consacré "au développement".
"Comme je l'ai déjà dit, l'accord de juillet n'est pas la fin de l'agenda de Doha. Nous devons résister à la tentation d'être trop ambitieux à ce stade en essayant d'anticiper ou pré-déterminer le résultat final", a-t-il ajouté.
Des signes d'ouvertures ont été émis vendredi par certains pays: la France, qui s'était depuis quelques jours ouvertement désolidarisée des récentes propositions du commissaire européen au commerce Pascal Lamy, semblait plus disposée à coopérer vendredi matin.
Le ministre français du Commerce extérieur, François Loos, n'a pas exclu vendredi d'accepter son offre de réduire davantage ses subventions agricoles, en soulignant toutefois qu'elle n'a de sens que si les autres pays développés adoptent les mêmes engagements. La veille, le président français Jacques Chirac s'était encore déclaré "réservé" envers la proposition.
Au nom de l'Union européenne, le commissaire européen Pascal Lamy avait mis sur la table lundi l'élimination des subventions agricoles à l'exportation, à condition que les autres grandes puissances agricoles, Etats-Unis en tête, démantèlent leurs propres formes de soutien.
Des sources européennes faisaient état vendredi à Paris de "signaux positifs" américains en la matière, l'une d'elle affirmant même que "les bases d'un accord" sur l'élimination des soutiens à l'exportation, selon des modalités restant bien sûr à définir, étaient désormais réunies.
Les pays émergents du G20, qui regroupe notamment l'Inde, le Brésil et la Chine, ont eux aussi discerné jeudi "quelques signes positifs" dans les dernières déclarations européennes.
Mais ils se retrouvent à leur tour sous pression pour faire un geste concernant l'accès aux marchés, c'est-à-dire l'abaissement des droits de douane.
L'Américain Robert Zoellick avait estimé jeudi que son pays avait fait les propositions nécessaires pour relancer les négociations, et que c'étaient aux pays émergents les plus développés, et donc au G20, de faire un pas avant. Selon une source européenne, l'OMC s'achemine clairement vers un accord concernant les nouvelles questions commerciales, dits "sujets de Singapour". Un seul, la "facilitation des échanges" sera retenu, tandis que la concurrence, la transparence des marchés publics, et les investissements seront laissés de côté. |